Cette Jaguar a commencé sa vie sous la forme d’une XK 140 standard, achevée le 25 mai 1955 et quittant l’usine un mois plus tard. Sa configuration d’origine était un coupé avec conduite à gauche, en version SE (Special Equipment) pour le marché français, avec une finition crème et un intérieur bleu duo. La Jaguar a été transportée à Paris par l’entreprise d’importation de Charles Delecroix et livrée à sa première propriétaire, Mademoiselle Jeanne Gaymard. C’est le 286e coupé à conduite à gauche construit, portant le numéro de carrosserie J4457. La livrée originale était crème avec intérieur deux tons de bleu. La voiture a été appréciée pendant deux ans avant d’être impliquée dans un accident en 1957, au cours duquel on pense que la carrosserie et le moteur d’origine ont été détruits.

En 1957, la voiture fut accidentée avec une carrosserie tellement endommagée qu’elle était irréparable. La XK fut envoyé chez le styliste italien Giovanni Michelotti pour être re-carrossée selon un de ses dessins. Le designer saisit l’occasion de déployer ses idées pour le XK 140 et sculpte la voiture pour lui donner la forme unique qu’elle a aujourd’hui. Avec sa carrosserie en aluminium et son style de coupé fastback, la voiture de Michelotti s’éloigne nettement des plans originaux de Jaguar (elle ressemble légèrement à l’autre interprétation du XK 140 réalisée par Ghia), tout en présentant une forme relativement avant-gardiste pour l’époque.
On dit que Michelotti avait déjà dessiné trois carrosserie pour la XK140 à cette époque, toutes trois différentes, rendant cette voiture unique. Sa haute ceinture de caisse et son arrière fastback étaient considérés d’avant garde dans les années 1950. On pense qu’il s’agit d’un des premiers dessins de Michelotti (avant qu’il n’ouvre son atelier de carrosserie) et au cours de la reconstruction, l’intérieur, les instruments et d’autre détails ont été changés pour des éléments dessinés par lui.

L’avant de la voiture se distingue par sa prise d’air sur le capot, ses doubles phares et sa calandre ovale, tandis que sa forme fastback svelte est complétée par une ceinture de caisse haute avec des prises d’air latérales chromées et que le profil latéral est complété par une lunette arrière escamotable attenante à la portière du conducteur. Le design personnalisé de Michelotti s’étendait à l’intérieur de la Jaguar, avec l’intérieur et les instruments du tableau de bord également modifiés, avec une grande partie de l’appareillage de commutation repris des modèles Lancia.

Bien que l’on ne connaisse pas les débuts de la vie de cette voiture avec sa nouvelle carrosserie signée Michelotti, on sait que la XK 140 SE a été redécouverte en 1979 lorsqu’elle a été acquise par Roland Urban, président du Jaguar Drivers’ Club en France et collectionneur de modèles uniques de Jaguar. À cette époque, la voiture était équipée d’un bloc moteur de type C, bien que celui-ci ait été retiré depuis. La Jaguar est actuellement équipée d’un bloc de type correct. Roland Urban acheta la XK140 et l’immatricula dans la Haute-Vienne, en France (Département 87). La voiture trouva plus tard le chemin de la Belgique. On remarque qu’à l’époque, les pare-chocs avaient été démontés (mais accompagnaient toujours avec la voiture) et que deux petits phares Marchal avaient été montés dans la calandre.

En 1999, la XK140 a été achetée à Bruxelles par M. Schepens, un carrossier de Gand. M. Schepens était un passionné de Jaguar qui avait possédé un roadster Type E série 1 et un coupé série 1 en même temps en 1970. Cette XK140 Michelotti faisait sa fierté et sa joie. Schepens immatricula la voiture et la conduisit pendant quelques années puis, au milieu des années 2000 décida d’entreprendre une restauration complète qui était à l’époque devenue nécessaire. Malheureusement, M. Schepens décéda en 2016 à l’âge de 80 ans, laissant la XK inachevée dans son garage avec 10 autres voitures qui étaient là depuis de nombreuses années.

Le châssis S 814286 a ensuite été transporté en Belgique et, en 1999, le XK 140 a été acquis par un certain M. Schepens de Gand. Carrossier et passionné de Jaguar, son propriétaire belge aurait chéri la voiture et l’aurait utilisée régulièrement. Après avoir choisi de restaurer la voiture, M. Schepens est malheureusement décédé en 2016 avec la Jaguar dans un état inachevé. Après être restée dans le garage de son défunt propriétaire pendant deux ans avec ses autres voitures, la Jaguar a été vendue aux enchères en tant que projet en 2018. La voiture a été achetée par Jaguar Classic, le département du patrimoine de la marque, qui a réassemblé le XK 140 avec de nombreuses pièces correctes pour l’époque, mais sans entamer de travaux de restauration, tandis que le propriétaire consignateur s’est donné beaucoup de mal pour s’assurer que de nombreux équipements et instruments d’époque se trouvaient avec la voiture, si ce n’est pas le cas. En 2018 également, la voiture a été présentée dans le cadre de l’exposition Cartier Style et Luxe au Goodwood Festival of Speed.

La Jaguar se présente aujourd’hui dans un état encore inachevé et constituerait une occasion idéale pour un passionné de la marque de redonner à la voiture sa gloire d’antan. Elle est accompagnée d’un certificat délivré par le Jaguar Daimler Heritage Trust. Jaguar importante, cette XK 140 SE, unique en son genre, mérite d’être restaurée en vue d’un concours et sera, espérons-le, revue dans sa gloire d’antan lors d’événements prestigieux tels que la Villa d’Este ou Pebble Beach.

Vendue par Jaguar Land Rover Classic, cette Jaguar unique avec son remarquable historique est absolument complète, y compris ses sièges, déjà refaits, ses écussons d’origine, ses vitres, etc mais nécessite une restauration complète.

Il s’agit de la seule carrosserie en aluminium signée Michelotti et considérée comme l’une de ses premières créations.

Adjugée 356 000 en 2018 à Monaco, et proposée à la vente en l’état à Paris le 2 février 2023.  Comptez entre 400 et 600 000 €.