La toute nouvelle série W113 de Mercedes-Benz a fait ses débuts en mars 1963 sous le nom de 230 SL, remplaçant ainsi la 190 SL et, à bien des égards, la 300 SL. À la fois populaire et très convoitée, la « pagode » sportive magnifiquement dessinée par Paul Bracq méritait amplement le nom de SL, et près de 50 000 exemplaires ont été construits avant la fin de la production de la W113 au début de l’année 1971. Bien que les spécifications mécaniques du modèle changent au fil des ans, toutes les W113 reçoivent une carrosserie identique – sauf une.

Deux mois seulement après la première mondiale de la nouvelle W113 230SL Karl Wilfert, chef du département carrosserie de l’usine de Sindelfingen, reçoit une lettre de Pininfarina lui demandant d’autoriser la création d’une nouvelle coupé basé sur le W113.. De manière quelque peu inhabituelle, Mercedes-Benz a approuvé le projet et a fourni une voiture au célèbre carrossier de Turin, en précisant que la voiture finie devait conserver l’image de marque générale de l’entreprise. En interne, Pininfaina a choisi Tom Tjaarda, 29 ans, né aux États-Unis, qui avait récemment terminé le design de la Ferrari 330 GT 2+2, pour diriger le projet. Conservant les proportions générales de la voiture de série, M. Tjaarda a magistralement réimaginé le SL comme un coupé gracieux, replaçant la calandre sur un nez allongé – avec une inclinaison plus agressive vers l’avant – entre les phares de série du marché européen. Les flancs sont biseautés au niveau de la ceinture de caisse, avec un angle plus élevé et plus prononcé au niveau des bas de caisse. Les ailes arrière et le couvercle de coffre reçoivent un traitement plus anguleux, tandis que le panneau arrière présente des feux arrière de taille réduite et un pare-chocs arrière sculpté en trois parties, commun aux véhicules de l’époque construits par Modenese.

La direction de Pininfarina a organisé un concours parmi leurs designers pour un coupé à deux places basé sur la 230 SL, déjà à la première étape, le projet du jeune designer américain de 28 ans Tom Tjaarda a été choisi. Mercedes Benz accepte donc la proposition du constructeur italien à plusieurs conditions : que le châssis soit entièrement conservé, que les lignes de la future voiture soient immédiatement reconnaissables et enfin que l’ensemble des équipements intérieurs ne soient pas modifiés.

Tom a décidé de conserver la plate-forme, l’intérieur, la plupart des vitres, des optiques, de la calandre de la carrosserie d’origine. Lors de la conception, Tom a pris en compte la possibilité d’étendre la production à petite échelle et éventuellement de remplacer complètement la carrosserie d’origine par la nouvelle usine Mercedes-Benz.

L’habitacle est peut-être la partie la plus inspirée du design, avec des montants  très fins et fortement inclinés, qui redéfinissent complètement le coupé moderne et élégant . L’intérieur est en grande partie celui d’une 230 SL standard, mais les finitions sont résolument différentes. Les sièges ont un design plus sophistiqué, avec un cuir à plis étroits, et sont garnis de chrome. La garniture de pavillon est également plissée avec un matériau non perforé, de la même manière que les autres pièces uniques Pininfarina de l’époque. Les panneaux de porte modifiés comportent des plaques de seuil que l’on retrouve couramment sur les Ferrari des années 1960, et la plage arrière a été revue, ce qui permet de compléter l’espace intérieur.

Le moteur « M127 », un six cylindres en ligne de 2306 cc de cylindrée implanté longitudinalement à l’avant est équipé du dernier système d’injection Bosh. Il développe une puissance maxi de 150 ch à 5 500 t/mn et un couple maxi de 196 ch à 4 200 t/mn. Et est couplé à une boite de vitesses manuelle à quatre rapports

La voiture est jugée très élégante et reçoit un accueil très enthousiaste du public parisien a tel point qu’elle devient l’une des stars du salon. En Allemagne, la voiture sera également jugée réussie mais n’emportera pas l’adhésion du staff et la décision sera prise de ne pas lancer la fabrication en série.

En 1964, au Mondial de l’Automobile de Paris, le coupé argent Mercedes Benz 230 SL Pininfarina est dévoilé au public. La voiture a été bien accueillie a tel point qu’elle devient l’une des stars du salon. Une trentaine de clients potentiels se sont tournés vers Pininfarina avec une demande de commande. Fin 1964, ce coupé 230 SL a été présenté en German Racing Silver sur le stand Pininfarina aux salons de Paris et de Turin. Malgré de nombreuses demandes et bien que la voiture soit également jugée réussie, elle n’emportera pas l’adhésion du staff Mercedes-Benz qui choisi de ne pas lancer la fabrication en série, et la voiture restera à jamais une pièce unique.

 

Du coup, le coupé est resté unique, a été vendu au magnat du journal allemand Axel Springer (Axel Springer)et a reçu le  nom de « Springer Pagoda ». Après Springer, le coupé a changé plusieurs fois de propriétaires qui l’ont repeint en rouge et noir, et ont également remplacé les roues en acier par des enjoliveurs avec des jantes en alliage. En 1997, la voiture a été restaurée dans son état d’origine et fait des apparitions lors de concours d’élégance automobile.

Cet exemplaire unique (châssis 113.042.10.001336) a été adjugé 1 215 000 $ en 2022 à Pebble Beach, Californie.