Dévoilée pour la première fois le 15 mars 1961 par Sir William Lyons – qui en a dessiné les deux versions (coupé et cabriolet) – à l’occasion du Salon International d’Automobile de Genève, la Type E a fait sensation : un coupé immatriculé 9600 HP avait fait la route de nuit la veille de l’ouverture du salon. À son volant, le pilote usine Bob Berry avait conduit les 1300km, de bout en bout, « pied au plancher ».
Capable d’atteindre 240 km/h, mais coûtant une fraction du prix de ses rivales aux performances similaires, la Type E a établi de nouvelles normes en matière de conception et de performances automobiles.
Au vu de l’engouement pour l’auto, il fut alors demandé à Norman Dewis, l’ingénieur test et développement de Jaguar, de cesser tout activité dans l’usine britannique de Brown Lane pour conduire, séance tenante, un cabriolet vert anglais (le fameux 77 RW ) au salon afin d’accompagner le chassis 85005 qui était exposé sur le stand du constructeur.

Cette auto roule toujours et appartient à la collection Jaguar Heritage :
« C’est la plus belle voiture du monde ! » s’exclama Enzo Ferrari en découvrant le coupé Type E. Mais cette Jaguar n’est pas simplement belle, c’est devenu un mythe automobile.
La production s’étend de 1961 à 1975 et se décline en trois modèles (cabriolet, coupé et 2+2), trois séries et deux éditions limitées.
La Type E est conçue au départ comme une automobile de compétition, évolution des D Type, elle est plus légère et équipée d’un moteur six-cylindres de 2,4 L développant 200 ch. Son nom était E Type A1, le « A » pour caisse en aluminium.
Trois prototypes furent dessinés par Malcolm Sayer (en), en 1957 et 1958. L’usine en décida la commercialisation en 1959 avec une version en acier plus « Grand Tourisme », la E.
Ces modèles seront toujours beaucoup moins chers que leurs concurrents de l’époque (Ferrari, Aston Martin…). La vitesse maximum annoncée était de 240 km/h (150 mph) pour le modèle « presse ». La Type E, d’une ligne rappelant la D Type, n’était pas d’une conception complètement nouvelle : caisse autoporteuse monocoque avec un faux châssis en tubes carrés Reynolds à l’avant, c’était exactement le schéma des fameuses D de course. Quatre roues indépendantes, quatre freins à disques, une toute nouvelle suspension arrière dotée de quatre amortisseurs télescopiques avec ressorts intégrés et freins montés inboard contre le différentiel, le tout monté dans un berceau séparé.
La Type E est une voiture compliquée, coûteuse à entretenir du fait de sa conception, mais elle offre des performances et une tenue de route inégalées pour son époque.
La Série 1, construite de 1961 à 1967, a fait naître le mythe et a inauguré l’ère des voitures de sport modernes. Les modèles de la série 1 se caractérisent par des phares carénés de verre, des demi pare-chocs antérieurs et postérieurs et des commutateurs de tableaux de bord type « aviation ».
Les premiers modèles de 1961 à 1963 avaient un tableau de bord et une console centrale en aluminium ainsi que des sièges baquets et une boîte de vitesses Moss à première non-synchronisée, bruyante mais fiable.
À partir de 1964, avec le passage à la 4,2 L, les sièges baquets firent place à des sièges inclinables plus confortables, et le tableau de bord et la console centrale furent recouverts de Rexine, un vinyle noir, au lieu de l’aluminium bouchonné.
Le radiateur, le système de refroidissement et le ventilateur sont nettement améliorés sur la 4,2 L, puisque la 3,8 L est équipée d’un ventilateur électrique composé d’un moteur d’essuie-glace sur lequel est monté un morceau de fer tordu en guise d’hélice.
Cette voiture est d’ailleurs peu utilisable dans une circulation moderne encombrée sans ventilateur d’appoint. La boîte Moss a été remplacée par une boîte Jaguar entièrement synchronisée, plus agréable sinon efficace.
Les tout premiers modèles de l’année 1961, jusqu’à janvier 1962, appelés « flat floor » (« plancher plat »), sont très recherchés, bien qu’ils soient plus inconfortables en raison de l’espace restreint réservé aux jambes.

En 2021, à l’occasion du 60ème anniversaire de la Type E, Jaguar a entièrement a créé une édition limitée de six couples assortis. Ces versions sont inspirées par les légendaires exemplaires “9600 HP” et “77 RW” présentés à Genève en 1961. Chaque couple constitue une collection Type-E 60. La paire est indissociable !



