Elle fut la star du Salon de Turin 1963 – la Fiat Ghia G230 S Prototipo. Cette étude conceptuelle lumineuse à l’arrière vitré était basée sur le coupé Fiat 2300S, mais la moitié des célébrités italiennes des voitures de sport avaient mis la main sous le capot. C’est un millésime expérimental que l’industrie automobile italienne a présenté à Turin en 1963 : le fabricant de tracteurs Ferruccio Lamborghini a présenté son premier projet de voiture de sport, la Lamborghini 350 GTV, qui, selon la légende, était un règlement de comptes avec Enzo Ferrari. Alejandro De Tomaso a également quitté la piste de course familière avec le prototype Vallelunga à moteur central adapté à la route. Et Giotto Bizzarrini a dévoilé le prototype de l’Iso Grifo A3/L, développé en collaboration avec Giorgetto Giugiaro.
La Carrozzeria Ghia ne présentait pas non plus de modèle prêt pour la production : bien que Ghia ait beaucoup investi dans le développement de ce coupé afin de le produire en collaboration avec Fiat et que le magazine spécialisé « L’Automobile » l’ait élu comme l’une des plus belles voitures du salon, elle ne devait jamais dépasser le stade du développement, contrairement à ses contemporaines turinoises, Fiat n’étant pas intéressée en raison de son modèle 2300 S, qui était déjà produit depuis 1961. Deux ou trois prototypes seulement seront fabriqués et le modèle sera ensuite présentée dans plusieurs autres salons internationaux.
Chez Ghia, le designer Sergio Sartorelli a dessiné une séduisante ligne aérodynamique, dont le long capot et l’arrière fastback doté d’une bulle constituent les traits principaux. Très sophistiqué, le châssis multitubulaire est dû à l’ingénieur Gilberto Colombo, également auteur de la structure « Birdcage » de la Maserati.
Afin de réduire les coûts, des éléments de carrosserie ont été empruntés à des modèles de série, à l’image des projecteurs (Fiat 1300/1500) et des feux arrière (Fiat 850). Techniquement, la G230S dérive du coupé Fiat 2300 S, également dû à la carrosserie Ghia, auquel elle emprunte le moteur, la boîte de vitesses et les trains roulants. Elle hérite également de ses quatre freins à disques. Préparé par Abarth, son six cylindres en ligne de 2,3 litres développe 150 ch.
Il semble que quatre exemplaires de cette Ghia 230 S aient été fabriqués : deux coupé (1963 et 1964) et deux cabriolet (1965). Au début, seul le second prototype de coupé était connu et exhibé sur les salons automobiles.
Il y a donc encore trois prototypes aujourd’hui : deux coupés et un cabriolet. La voiture présentée ici (châssis 114BS135700) est entièrement d’origine, y compris ses roues Borrani. Seule la peinture a été refaite, recouvrant le gris métallisé signé Ghia. Affichant aujourd’hui 29 000 kilomètres, elle n’a connu que trois propriétaires. Le premier, un directeur de la société Philips résidant sur la Côte d’Azur, l’a revendue à un concessionnaire Fiat de Marseille, qui l’exposa plusieurs années dans son show room. Elle est ensuite entrée dans une collection privée en Allemagne et a été exposé à plusieurs reprises lors d’expositions, notament en septembre 2010 au 8e Gala classique du Concours international d’élégance à Schwetzingen