Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Fiat est dans une situation économique compliquée. Grâce à l’aide du plan Marshall, les usines détruites pendant la guerre sont reconstruites et le constructeur turinois retrouve une cadence de production digne des années 30. De nouveaux modèles sont alors introduits sur le marché, parmi eux la Fiat 1100 qui sera déclinée en plusieurs versions dont un rare Coupé signé Pinin Farina, plus élégant et plus typé Grand Tourisme avec un habitacle plus cossu et surtout une ligne équilibrée rappelant à s’y méprendre la Lancia Aurelia B20 GT… Présenté en 1949, le Coupé Fiat conserve l’élégant parebrise en coupe-vent mais se caractérise par une robe plus galbée et élancée, rappelant les plus belles carrosseries italiennes telles que Maserati, Siata, Stanguelini ou encore Cisitalia. Si extérieurement la S et la ES ne se différencient pas, l’habitacle est plus spartiate dans sa version S alors que la ES dispose d’un tableau de bord plus complet, d’une banquette avant plutôt que de deux sièges séparés et même d’une petite banquette à l’arrière. Que ce soit les boutons poussoirs, les accessoires de portes, les loquets de déflecteurs, ou les poignées extérieures, jamais une Fiat n’a poussé le raffinement aussi loin dans le détail. Certains prix glanés lors de concours d’élégance viendront d’ailleurs récompenser cette beauté intemporelle, dont “officiellement” 400 exemplaires verront le jour jusqu’en 1951.
Aujourd’hui, on compterait moins d’une dizaine d’exemplaires de Fiat 1100 ES Coupé Pinin Farina dans le Monde. Celui que nous présentons aujourd’hui a une histoire des plus singulières. #500435 est sortie des chaines de production du Lingotto, à Turin, le 5 juin 1950. Elle sera envoyée à la carrozzeria Pinin Farina le 5 septembre avant de revenir au Lingotto pour ses essais de mise en service. Elle est alors envoyée chez le concessionnaire Fiat de Bozano, au Nord-Est de l’Italie mais elle n’y trouvera certainement pas acquéreur car elle revient à Turin début 1951 pour être finalement expédiée au Maroc le 5 mars au garage Afric Auto de Casablanca. C’est alors qu’elle obtient sa première immatriculation n’ayant jamais eu de plaques italiennes auparavant. Son tout premier propriétaire en revanche est bien d’origine italienne lui, Noé Ceccheti. l Est-ce lui qui court le VIe Rallye du Maroc cette même année? Ou bien l’a-t-il déjà revendue à Albert Manarino, qu’on retrouve au départ des 12 Heures de Casablanca en 1952? Sur les indications de son ami et mentor Yves Joseph, un collectionneur éclairé, son actuel propriétaire, un français établi au Maroc, la découvre au milieu des années 1980. La Fiat est protégée de l’humidité et des intempéries dans le sous-sol d’un immeuble de Casablanca mais elle a été le terrain de jeu des enfants du quartier ! Malgré cela, l’auto est complète et « matching numbers », à l’exception des vitrages et de ses enjoliveurs spécifiques. Pas effrayé par le chantier à venir, notre amateur débute sa restauration au milieu des années 90. Elle s’étalera sur 15 ans. Il faut dire que son propriétaire n’en est pas à son coup d’essai mais le temps lui manque. Sa restauration terminée, elle sera exposée lors de la 5ème édition du Gentleman Drivers Awards 2017 à Marrakech. A cette occasion, son propriétaire remportera un prix d’honneur des mains de Paolo Pininfarina ! Il y a quelques jours, la voiture a été révisée à l’Atelier 46 près de Paris avec la réfection intégrale du réservoir, du circuit d’essence et le réglage de la carburation.
Rarissime, Il resterait moins de 10 exemplaires de ce modèle éligible aux Mille Miglia et à bien d’autres événements majeurs. Belle, rare, matching et à l’historique limpide, il ne fait aucun doute que cette voiture (Châssis 100 ES 500435) est une jolie découverte…
Comptez de 120 à 180 000 €.