Cette 250 GT est un modèle unique et spécial. Elle a en effet été conçue spécialement pour la princesse de Belgique, épouse du roi Léopold III. Ce dernier était un grand amateur de voitures de sport en général et de Ferrari en particulier. En 1953, il acquiert une Ferrari 342 America (châssis 0234 AL), carrossée par Pinin Farina, que la princesse a sans doute également conduite. L’importance du couple royal en tant que clients privilégiés de Maranello s’est accrue au fil des ans avec l’achat par le roi, en 1955, d’une 375 Plus (châssis 0488 AM), le dernier des huit exemplaires 375 Plus construits, et le seul carrossé en cabriolet Pinin Farina.
Il est clair qu’Enzo Ferrari tenait le roi Léopold en haute estime : « Il me semblait être un homme qui aurait fait un bon ingénieur, un homme doué pour la technique et qui regrettait amèrement de n’avoir jamais pu suivre son inclination… Au volant, je le trouvais courageux et capable d’affronter le danger avec résolution et habileté. »

La relation entre Il Commendatore et la Princesse Lilian de Réthy, se voit scellée au cours de la saison de course 1955, lorsque Pirelli annonce sans cérémonie qu’elle ne fournira plus de pneus à Ferrari. Le budget de course de Ferrari n’étant pas alimenté par les ventes de voitures de route, mais dépendant plutôt des matériaux fournis par les fournisseurs sponsors, le retrait de la société de pneus à la mi-saison s’avérait désastreux. Enzo Ferrari a eu la chance de mentionner le scénario à la princesse Lilian. Celle-ci contacte le manufacturier belge Englebert qui envoie alors un camion de pneus neufs à Maranello la nuit même. La course peut continuer et les pneus Englebert ont fini par être montés sur un grand nombre de Ferrari de compétition importantes de l’époque.

Étant donné que la princesse a facilité la recherche d’un nouveau fournisseur de pneus pour la Scuderia, il était tout à fait approprié qu’en commandant un coupé Ferrari au début de l’année 1957, elle se voit offrir quelque chose de vraiment unique. La construction en série des coupés Ferrari 250 GT était à l’époque confiée à la Carrozzeria Boano, il s’agissait donc d’un choix singulier que d’envoyer sa voiture à Pinin Farina pour une carrosserie de coupé unique, mais le couple royal avait clairement une prédilection pour le travail du designer.

Le châssis 0751 GT est le deuxième des trois Ferrari Speciales que la princesse choisi d’acquérir. Au début du mois de septembre, le châssis de type 508 C est arrivé dans l’atelier de Pinin Farina, et le carrossier n’a pas tardé à créer une carrosserie distinctive qui reprenait des éléments de modèles Ferrari concurrents tout en annonçant le futur coupé Pinin Farina construit en série. Le long nez de la Speciale est doté de phares couverts comme les berlinettes 250 GT Tour de France de l’époque, tandis que les ailes avant se distinguent par de grands évents chromés et à persiennes, rappelant ceux de la California Spider. De plus, les pare-chocs, le nez et les écopes du capot empruntent des touches aux cabriolets de la série I récemment commercialisés. Les proportions générales et la position du coupé, en particulier le traitement de la lunette arrière et des ailes, seront bientôt intégrées aux coupés 250 GT Pinin Farina de série qui seront produits à la fin de l’année.

Fini en Grigio Fumo Max Meyer et garni de cuir Connolly Vaumol, ce coupé unique a été livré à la Princesse de Réthy à son domicile de Waterloo en janvier 1958, et enregistré avec des plaques diplomatiques belges. Près de 10 ans plus tard, la Princesse commanda une troisième Ferrari carrossée sur la base d’une 330 GTC, et chercha par conséquent à léguer la 250 GT Speciale à un digne successeur.

Cette unique auto a été complètement restaurée en 1997 et se voit estimée entre 11 et 13 000 000 $.