Parmi les plus belles Classic Cars européennes (et quelques autres)…

Citroën Traction 15-Six H – 1955

Si la mise en chantier de la futur Traction 6 cylindres débute dès 1936, la nouvelle direction de Citroën, ne voulant pas connaître les mêmes problèmes qu’avec l’étude de la 22 CV ou les autres modèles lors de leur commercialisation, prennent toutefois leur temps pour parfaire sa mise au point.

L’étude de la nouvelle grande Traction s’avère d’ailleurs plus complexe qu’il n’y paraît. Les ingénieurs partant d’une caisse renforcée de la 11 CV qui est rallongée d’une bonne dizaine de centimètres afin de pouvoir y loger l’imposant six cylindres. La voiture est également équipée d’un capot à ouvertures obliques fixes, plus efficaces pour le refroidissement du moteur que les volets pivotants des autres Traction. D’une cylindrée de 2 867 cc, le six cylindres, conçu spécialement pour elle par l’ingénieur Maurice Sainturat, est extrapolé du quatre cylindres de la 11 CV, reprenant des cotes identiques mais avec un vilebrequin à quatre paliers au lieu de trois. Bien que sa puissance fiscale soit en réalité de 16 CV, l’usine a préféré lui donner l’appellation 15, en forme de filiation avec le modèle le plus puissant de la gamme des Rosalie. La transmission empruntée à la 11 CV engendrant toutefois un porte-à-faux trop important, qui nuit au comportement de la voiture, les ingénieurs conçoivent alors une boîte de vitesses spécifique très compacte qui permet de corriger ces défauts. Comme les autres Traction, elle profitera aussi, dès son lancement, des nouvelles jantes Michelin Pilote ainsi que d’une direction à crémaillère, bien plus précise que l’ ancien boîtier à vis et à secteur. La présentation intérieure, elle, en revanche, ne se différencie guère de la 11 CV, en dehors de la sellerie plus cossue qui vient quelque peu égayer un habitacle plutôt austère.

La première 15-Six (Un exemplaire de présérie) tombe des chaînes de l’usine de Javel le 24 juin 1938. Elle est destinée à Pierre Boulanger (qui prend les rênes de l’entreprise la même année, après la mort de Pierre Michelin dans un accident de la route l’année précédente), qui en prend livraison dès le lendemain.
Le second exemplaire, lui, est confié à Marcel Michelin, tandis que Robert Puiseux (Le gendre de Pierre Michelin, qui deviendra le nouveau patron de Citroën à la mort de Pierre Boulanger en 1950) hérite du troisième.
Une vingtaine de voitures, assemblées durant l’été, sont confiées à des concessionnaires et des clients privilégiés. Ces derniers ayant accepté de jouer les « clients-cobayes » et de tester la voiture en « usage réel » sur le terrain.

Ces tous premiers exemplaires de la Traction 15 CV sont encore dépourvus de sabots d’ailes et de bavettes (qui sont pourtant bien utiles pour affronter la boue et les gravats des mauvaises routes de l’époque). Certaines voitures auraient même bénéficié d’éléments de carrosserie en aluminium, le gain de poids obtenu permettant d’améliorer sensiblement leurs performances. D’ailleurs, la 15-Six revendique 130 km/h en vitesse de pointe malgré la modeste puissance de son moteur de 76 chevaux.

La Traction 15-Six va trouver son apogée avec la version « H » pour « hydropneumatique » (également appelée « Oléo ») et présentée au mois d’ avril 1954. Sur ce modèle, l’ingénieur Paul Magès a mis au point pour la suspension arrière le système qui sera adopté sur la DS.

Bien que la carrière de la Traction 15 CV s’ arrête officiellement avec le lancement de la DS, 48 exemplaires (presque toutes des berlines à suspension hydropneumatique) seront encore assemblés, pour des clients privilégiés, jusqu’ en juillet 1956.

les deux plus célèbres 15-Six spéciales qui eurent l’honneur d’endosser le rôle de char de l’Etat furent la limousine réalisée par Franay en 1955 ainsi que la berline décapotable carrossée, elle, par Chapron et livrée à l’Elysée en 1957.

Lorsque la dernière Citroën 15-Six quitte l’usine de Javel, c’est un page importante de l’usine de la marque aux chevrons qui se tourne. Il faudra, en effet, attendre pas moins de trente-trois ans, jusqu’ en 1989, avec le lancement de la XM, pour revoir une Citroën équipée d’ un moteur six cylindres maison (hormis la SM motorisée par un V6 Maserati).

Cet exemplaire (Châssis 727813 ) a été vendu 34 000 € en novembre 2021.

 

Gérald

Passionné de rares et belles automobiles des années 50 à 70...

2 Comments
  1. Pineaud

    28 janvier 2024 14:30

    Vous commettez une erreur en écrivant qu’il faudra attendre la XM en 1989 pour voir une Citroën équipée d’un 6 cylindres. La Citroën SM, sortie au début des années 70, disposait d’un V6 Maserati.

    • Gérald

      28 janvier 2024 15:09

      Vous avez tout à fait raison mais je voulais parler d’un V6 Citroën…

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