En 1959, la compétition semble sourire à Aston Martin, qui remporte notamment les deux premières places aux 24 Heures du Mans avec Shelby/Salvadori et Trintignant/Frère. Mais la discipline coûte cher et David Brown fait le choix de s’en retirer officiellement et de laisser le soin aux écuries privées de défendre les couleurs de la marque, avec la DBR1. Pour maintenir une présence en GT John Wyer, directeur sportif de la marque, décide de lancer la DB4 GT, dont le prototype fait une première apparition en mai 1959 à Silverstone entre les mains de Stirling Moss, qui gagne facilement devant la Jaguar 3,4 litres de Roy Salvadori, préparée par John Coombs. Le célèbre pilote britannique reconnaîtra plus tard : « La DB4 GT était vraiment bien équilibrée et puissante. »
A la fin de l’année, la nouvelle voiture est officiellement dévoilée au Salon de Londres. Destinée aux pilotes-amateurs aisés, elle bénéficie par rapport à la DB4 standard d’une cure d’allègement et d’un moteur plus puissant qui en font la voiture de série la plus rapide du Royaume-Uni. Basée sur une plateforme de DB4 raccourcie de près de 13 cm, c’est une stricte deux places équipée d’une carrosserie Touring fabriquée selon la méthode « Superleggera » propre au carrossier italien, avec ici vitres de custode en Plexiglas et panneaux de carrosserie en alliage de magnésium. La calandre grillagée se complète d’une grosse prise d’air inférieure destinée au radiateur d’huile (dont ne dispose pas la version standard) alors que les phares sont recouverts d’un bulbe profilé préfigurant celui des futures DB5. La voiture repose sur des jantes Borrani de 16 pouces et affiche aussi deux trappes d’essence au sommet des ailes arrière. Le coffre est entièrement occupé par un volumineux réservoir d’essence de 136 litres. Côté mécanique le 6-cylindres 3,7 litres double arbre de la DB4, conçu par Tadek Marek, s’enrichit d’un double allumage, de trois gros carburateurs Weber et d’une distribution modifiée, ce qui lui permet de développer plus de 300 ch à 6 000 tr/mn, près de 1 000 tours de plus que la version normale.
Malgré sa destination sportive, la DB4 GT conserve tous les attributs d’une voiture haut de gamme et l’aménagement intérieur reprend le luxe de celui de la DB4, avec ses sièges en cuir et son réceptacle d’instruments dont la forme rappelle celle de la calandre.
Cette machine d’exception n’a été produite qu’à 75 exemplaires de 1959 à 1963, une exclusivité qui la place au pinacle des Aston Martin de route, juste derrière la version Zagato qui en est issue.
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